Le petit garçon au sommet de la montagne

A l'aube de la Seconde Guerre mondiale, le petit Pierrot mène une vie insouciante et heureuse à Paris. Devenu orphelin, il rejoint sa tante, en Allemagne, dans une maison en haut de la montagne. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une maison ordinaire. C'est le Berghof, la résidence secondaire d'Adolf Hitler. Pierrot va découvrir un nouveau monde, fascinant et monstrueux. 

"Un roman qu'il est impossible de lâcher, terrible et terriblement bon." The Times.

"Un exploit remarquable... Irrésistible." The Guardian.

Un grand merci à Gallimard Jeunesse de m'avoir envoyé ce livre et un grand merci également à John Boyne de l'avoir écrit. Je suis entièrement d'accord avec le Times pour dire que ce livre est terrible et que c'est dur de le poser pour ensuite le reprendre. Très facilement, l'auteur arrive à nous démontrer comment on peut manipuler un enfant et le faire adhérer à une idéologie sans qu'il s'en rende compte. 

Pierrot est le fils d'une Française et d'un Allemand. Ce dernier a combattu pour l'Allemagne. Déjà, l'origine du petit héros montre que la suite va être complexe. Il n'a que 7 ans au début du livre alors qu'il doit aller chez sa tante à la mort de ses parents. Ce destin d'orphelin est terrible. Mais la suite l'est encore plus.

Au Berghof, les personnages sont divisés entre le personnel de maison et le Führer et ses invités. Les membres du personnel sont eux mêmes scindés entre désaveu du régime nazi et approbation ou désapprobation silencieuse. Du moment où Pierrot fait la rencontre d'Hitler, son destin change. Il finit par croire qu'il est un jeune homme important, voire qu'il est un homme et qu'il peut aller au champ de bataille avec les soldats pour se battre pour sa patrie, l'Allemagne. 

La tante de Pierrot le fait venir de France pour le protéger. Vu ses origines et celles de son meilleur ami (un Juif), sa tante va tout faire pour que Pierrot ait l'air d'un vrai Allemand aux yeux du Führer. Il devient ainsi Pieter, 7 ans, certes venant de France, mais plus Allemand que Français. Pierrot finit par croire à cela et finit par devenir un pur produit du régime nazi, à dénigrer les Français, les Juifs, jusqu'à devenir le sauveur du Führer. Au cours de la lecture, avec Pierrot, on rencontre plusieurs figures du régime telles que Himmler et Goebbels. Avec Pierrot, on assiste autant à des réceptions mondaines qu'à des réunions entre ces personnalités qui organisent la Solution finale dans la stricte intimité du Berghof. 

On voit Pierrot se métamorphoser à tel point qu'on se demande s'il va finir par se réveiller et comprendre qu'il est en admiration devant la folie et la mort elles-mêmes. Pour lui, porter un uniforme est une très grande fierté et une forme de pouvoir. Fierté car l'uniforme lui rappelle son père qui a combattu pendant la Grande guerre et pouvoir parce qu'il a été plus ou moins malmené à plusieurs reprises sur son chemin pour l'Allemagne, notamment par des membres des Jeunesses hitlériennes, et donc des adolescents en uniforme. De plus, le fait que le Führer le prenne sous son aile n'arrange pas les choses. Aux yeux de Pierrot, Hitler est un héros, un messie qui va sauver l'Allemagne. 

Ce qui nous fait avancer dans le récit est ainsi la transformation de l'enfant innocent dont on espère que cela ne va pas durer et ensuite on se demande si son meilleur ami qui était un petit enfant juif va s'en sortir. De fait, le lecteur ne peut que se demander si une rédemption est possible pour un enfant qui s'est rendu coupable de certaines choses sans vraiment se rendre compte de l'importance de ses gestes et dont le cerveau a complètement été formaté. 

C'est un roman poignant qui est accessible qui s'adresse à tous les publics. Cependant, c'est un livre qui ne peut vraiment se comprendre que lorsque l'on a étudié la période, qu'on sait tout ce qui s'est passé et qu'on est soi-même suffisamment mature pour comprendre l'évolution de la psychologie du personnage.